L'aspalathane est une pierre dure et noire. C'est la pierre la plus noire et la plus bleue, la plus pure qu'il existe sous le règne de toutes les pierres les plus nobles. L'aspalathane a un grain très fin, qui tire un peu sur celui du marbre poli. Cette pierre n'est jamais traversée d'aucune vergeture cependant sous quelques rayons de soleil bien choisis elle peut avoir des reflets moirés tirants sur le vide galactique.
C'est en aspalathane qu'est faite l'Antre des Agents Doubles à Square Victoria.
Pour ma fête on m'en a offert un bloc. Immense ! Une fois monté dans ma chambre-atelier, je ne pouvais plus déplier mon lit tout écrasé dans un coin qu'il était. Pendant des mois j'ai pris le soin de le carresser chaque jour et ainsi, petit à petit, il a pris la forme d'un oeuf bien dodu. Etant de plus en plus fatiguée, j'ai décidé de me reposer sur le dos du bloc d'aspalathane. A l'aide de mon lustre j'ai grimpé sur le dessus et puis en position de couveuse j'ai attendu. Deux solutions s'offraient alors à moi.
Déjà à force de larmes de salives et d'efforts, et par l'érosion, il s'est creusé une cuvette au dessus de mon œuf. J'ai trouvé l'effet intéressant, j'ai continué. La cuvette devenait de plus en plus profonde et allongée, bientôt je pouvais y entrer mes jambes jusqu'à mi-cuisse. Mon papa creusait en ce temps là un trou dans le jardin, pour y cacher quelques réserves d'eau bénite. Très maligne, une nuit j'ai modifié ses plans, ainsi il a retourné la terre un peu plus que prévu. J'ai pu glisser imperceptiblement mon œuf d'aspalathane à coté. Ne sortait de la terre plus que le sommet-sommet de l'œuf. J'ai continué à polir une cuve à l'intérieur de l'aspalathane et je ne me suis arrêtée que lorsque je pouvais entrer entièrement dedans et lorsque selon mes estimations je touchais presque le fin fond de la chose.
C'était l'été quand je venais de terminer mon œuvre. Il faisait terriblement chaud lors de l'inauguration. Mes parents et mes frères me regardaient descendre au fond avec appréhension. Il faisait frais au milieu de l'aspalathane et l'entourage solide rassurait. Je m'y suis tout de suite sentie chez moi. "Tout va bien en bas ?" Oui, tout est parfais que je réponds. "Tu me dis quand tu veux que je te remonte !" D'accord j'acquiesse. Je restai toute la nuit et tout le lendemain à l'intérieur de l'oeuf enterré. Le soir Maman me descendait une assiète de pates juste tièdes, avec quelques rondelles de tomates. Si jamais je n'avais pas attrapé soif je serais restée sous terre comme l'embryon de la pierre.
La nuit je voyais la lune qui donnait directement au centre. Alors toute la sphere dans laquelle j'étais, au bord poli et doux, resplendissait. J'ai décidé de lire. Plein de livres, sans arrêt ! J'ai lu d'immenses bibliothèques, des collections, des éditions entières. Déjà des livres pour enfants, car il faut bien commencer par ce que nous offre notre age, et ce dernier disparaissant peu à peu, comme disparait peu à peu la couleur d'un linge que l'on fait sécher la nuit, j'ai agrandi mon champ et je n'ai plus lu que de tout. Mon plastron a commencé à s'inquiéter. Il avait peur que je finisse amorphamicale. Je suis sortie de mon oeuf. Il faisait encore chaud, je transpirais mais lui restait intraitable. Je suis donc restée dehors à grelotter tous hivers, ne regardant l'antre de mon oeuf qu'aux yeux dérobés de peur d'avoir trop de peine. Alors les sédiments et la poussière ont recouvert l'entrée. Il n'est plus possible d'entrée à l'intérieur.
Me reste quelques séquelles de cette aventure : mon age a disparu, et j'ai pleins de livres dans ma tête.
Secondement, je suis restée assise au sommet de mon oeuf en position de couveuse très longtemps. La jeunesse et la facilité faisaient que je n'avais rien d'autre à faire, alors autant que je m'y attache sérieusement. Je suis restée des années comme ça, mes jambes grandissaient le long de la parois de l'aspalathane mais voyant au bout d'un moment le sol se rapprocher dangereusement (l'aspalathane n'était pas plus haut que mon plafond, sinon l'histoire n'est pas crédible) elles s'arrêtèrent à mis chemin. J'ai arrêté de grandir, l'aspalathane sous mon poids s'écrasait un petit peu cependant. Mon dévoué lutin prenait un escabeau et m'apportait un bol de thé chaud avec un gateau sec. Je le mangeais minutieusement et demandais à ces restes d'en adopter un autre, de lutin.
Dix ans s'écoulèrent ainsi, et je n'avais pas l'impression de perdre mes jours. Et pour cause un bon matin l'aspalathane roula vers l'avant. J'eux à peine le temps de me dégager que déjà il avait écrasé trois chaises de bureau et l'encadrement de la porte. Pour le calmer, qu'il ne sombre pas dans la dépression, je le caressais encore longuement. La pierre se calma. Mais le mal était fait : une longue fissure la traversait et un fin liquide jaunâtre s'en était échappé. Je pleurais beaucoup les nuits, j'avais peur que la pierre meurt et devienne grise.
Un matin elle éclata ! Des milliers de petits morceaux de pierre bleue juchaient le sol de ma chambre et j'ai du tout ranger et nettoyer. Mais à l'épicentre de cette explosion, à l'endroit même où plus tôt j'avais couvé, lévitait un drôle de petit renard. Il avait les oreilles allongées, au bout en épinache, et un poil si doux qu'une fois que je l'eux attrapé et serré dans mes bras j'ai décidé de ne plus jamais m'en passer. Il dormait avec moi, courrait dans les herbes avec moi, travaillait le jeu de Go avec moi, feuilletait le programme TV avec moi. Finalement on m'a dit que je devais me rendre à l'école, et à l'école les animaux sont interdits. Etant donné que mon plus fidèle compagnons ressemblait à un renard, il ne pouvait plus rester avec moi.
Tous les soirs en rentrant de l'école je le retrouvais mais chaque jour plus triste il était. Mon compagnon rétrécissait comme un peau de chagrin. Je tentais de le raviver en lui racontant des histoires. Milles histoires ! Comme le faisait Shéhérazade pour retarder son heure. Et puis ce qui devait advenir fut, mon petit renard disparut. Ne restait plus que de la fumée de souvenirs.
Les histoires que je lui racontais, j'ai décidé de les peaufiner, de les rendre meilleures pour peut-être qu'un jour, si je retrouve un œuf d'aspalathane, renaisse un petit renard, Chance.
C'est en aspalathane qu'est faite l'Antre des Agents Doubles à Square Victoria.
Pour ma fête on m'en a offert un bloc. Immense ! Une fois monté dans ma chambre-atelier, je ne pouvais plus déplier mon lit tout écrasé dans un coin qu'il était. Pendant des mois j'ai pris le soin de le carresser chaque jour et ainsi, petit à petit, il a pris la forme d'un oeuf bien dodu. Etant de plus en plus fatiguée, j'ai décidé de me reposer sur le dos du bloc d'aspalathane. A l'aide de mon lustre j'ai grimpé sur le dessus et puis en position de couveuse j'ai attendu. Deux solutions s'offraient alors à moi.
Déjà à force de larmes de salives et d'efforts, et par l'érosion, il s'est creusé une cuvette au dessus de mon œuf. J'ai trouvé l'effet intéressant, j'ai continué. La cuvette devenait de plus en plus profonde et allongée, bientôt je pouvais y entrer mes jambes jusqu'à mi-cuisse. Mon papa creusait en ce temps là un trou dans le jardin, pour y cacher quelques réserves d'eau bénite. Très maligne, une nuit j'ai modifié ses plans, ainsi il a retourné la terre un peu plus que prévu. J'ai pu glisser imperceptiblement mon œuf d'aspalathane à coté. Ne sortait de la terre plus que le sommet-sommet de l'œuf. J'ai continué à polir une cuve à l'intérieur de l'aspalathane et je ne me suis arrêtée que lorsque je pouvais entrer entièrement dedans et lorsque selon mes estimations je touchais presque le fin fond de la chose.
C'était l'été quand je venais de terminer mon œuvre. Il faisait terriblement chaud lors de l'inauguration. Mes parents et mes frères me regardaient descendre au fond avec appréhension. Il faisait frais au milieu de l'aspalathane et l'entourage solide rassurait. Je m'y suis tout de suite sentie chez moi. "Tout va bien en bas ?" Oui, tout est parfais que je réponds. "Tu me dis quand tu veux que je te remonte !" D'accord j'acquiesse. Je restai toute la nuit et tout le lendemain à l'intérieur de l'oeuf enterré. Le soir Maman me descendait une assiète de pates juste tièdes, avec quelques rondelles de tomates. Si jamais je n'avais pas attrapé soif je serais restée sous terre comme l'embryon de la pierre.
La nuit je voyais la lune qui donnait directement au centre. Alors toute la sphere dans laquelle j'étais, au bord poli et doux, resplendissait. J'ai décidé de lire. Plein de livres, sans arrêt ! J'ai lu d'immenses bibliothèques, des collections, des éditions entières. Déjà des livres pour enfants, car il faut bien commencer par ce que nous offre notre age, et ce dernier disparaissant peu à peu, comme disparait peu à peu la couleur d'un linge que l'on fait sécher la nuit, j'ai agrandi mon champ et je n'ai plus lu que de tout. Mon plastron a commencé à s'inquiéter. Il avait peur que je finisse amorphamicale. Je suis sortie de mon oeuf. Il faisait encore chaud, je transpirais mais lui restait intraitable. Je suis donc restée dehors à grelotter tous hivers, ne regardant l'antre de mon oeuf qu'aux yeux dérobés de peur d'avoir trop de peine. Alors les sédiments et la poussière ont recouvert l'entrée. Il n'est plus possible d'entrée à l'intérieur.
Me reste quelques séquelles de cette aventure : mon age a disparu, et j'ai pleins de livres dans ma tête.
Secondement, je suis restée assise au sommet de mon oeuf en position de couveuse très longtemps. La jeunesse et la facilité faisaient que je n'avais rien d'autre à faire, alors autant que je m'y attache sérieusement. Je suis restée des années comme ça, mes jambes grandissaient le long de la parois de l'aspalathane mais voyant au bout d'un moment le sol se rapprocher dangereusement (l'aspalathane n'était pas plus haut que mon plafond, sinon l'histoire n'est pas crédible) elles s'arrêtèrent à mis chemin. J'ai arrêté de grandir, l'aspalathane sous mon poids s'écrasait un petit peu cependant. Mon dévoué lutin prenait un escabeau et m'apportait un bol de thé chaud avec un gateau sec. Je le mangeais minutieusement et demandais à ces restes d'en adopter un autre, de lutin.
Dix ans s'écoulèrent ainsi, et je n'avais pas l'impression de perdre mes jours. Et pour cause un bon matin l'aspalathane roula vers l'avant. J'eux à peine le temps de me dégager que déjà il avait écrasé trois chaises de bureau et l'encadrement de la porte. Pour le calmer, qu'il ne sombre pas dans la dépression, je le caressais encore longuement. La pierre se calma. Mais le mal était fait : une longue fissure la traversait et un fin liquide jaunâtre s'en était échappé. Je pleurais beaucoup les nuits, j'avais peur que la pierre meurt et devienne grise.
Un matin elle éclata ! Des milliers de petits morceaux de pierre bleue juchaient le sol de ma chambre et j'ai du tout ranger et nettoyer. Mais à l'épicentre de cette explosion, à l'endroit même où plus tôt j'avais couvé, lévitait un drôle de petit renard. Il avait les oreilles allongées, au bout en épinache, et un poil si doux qu'une fois que je l'eux attrapé et serré dans mes bras j'ai décidé de ne plus jamais m'en passer. Il dormait avec moi, courrait dans les herbes avec moi, travaillait le jeu de Go avec moi, feuilletait le programme TV avec moi. Finalement on m'a dit que je devais me rendre à l'école, et à l'école les animaux sont interdits. Etant donné que mon plus fidèle compagnons ressemblait à un renard, il ne pouvait plus rester avec moi.
Tous les soirs en rentrant de l'école je le retrouvais mais chaque jour plus triste il était. Mon compagnon rétrécissait comme un peau de chagrin. Je tentais de le raviver en lui racontant des histoires. Milles histoires ! Comme le faisait Shéhérazade pour retarder son heure. Et puis ce qui devait advenir fut, mon petit renard disparut. Ne restait plus que de la fumée de souvenirs.
Les histoires que je lui racontais, j'ai décidé de les peaufiner, de les rendre meilleures pour peut-être qu'un jour, si je retrouve un œuf d'aspalathane, renaisse un petit renard, Chance.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire