J'avais une anémone sur le pouce depuis plusieurs mois déjà. Elle commençait à me déranger : tous les matins à mon réveil elle me collait encore au doigt ! De quoi devenir fou. A croire qu'elle voulait faire concurrence à Chance, quelle naïveté ! Enfin bref, il fallait agir. Je suis donc allée voir le sorcier.
Il était plutôt grand et maigre dans sa grande tente de peaux. A mon arrivée, comme s'il l'avait prédit depuis longtemps, des herbes fumaient déjà dans un poêle. Il me prit par l'épaule et l'écrasa pour me faire assoir sur un pouf en nid d'oiseau. A l'intérieur du coussin je sentais des épines darder mes fesses. Il incanta pendant plusieurs minutes avant de me demander quelle folie me poussait à venir le voir en plein automne : "Alors que finissent de pousser les champignon ! Tout juste ! Les meilleurs de la saison !" Je m'excusai et je lui tendis mon pouce.
Le sorcier réajusta sa tunique de plume, replaça ses rondes lunettes rouges et scruta attentivement l'anémone. Il se mit à siffler longuement en relevant la tête vers moi : "Mais c'est une anémone ça mademoiselle !" J'acquiesçai avec énervement. Alors, sans me laisser le temps de réfléchir il me prit le pouce le tira jusqu'au poêle, je dus m'agenouiller devant le feu. Il sorti un canif de sous sa tunique et de la lame traça une croix rouge brillante sur l'anémone. Je grimaçai. Il me lança alors : "Ne bougez pas ! ... Je vais vous expliquer..."
A main nue il prit quelques herbes fumantes et les écrasa sur mon pouce. "La douleur est en deux mouvements..." Il secoua sa propre main pour éviter de se bruler lui même. "J'applique le produit et vous avez mal..." Avec un coton gris il appuya sur mon pouce afin que les herbes pénètrent la plaie. "Puis la douleur s'apaise." Il s'apprêtait à reprendre des herbes quand je grimaçais de nouveau. "Et finalement la douleur reprend, beaucoup plus vive, mais à ce moment je ne fais plus rien."
Le sorcier m'appliqua ainsi trois ou quatre fois les cendres des herbes médicinales. A la fin de l'opération j'avais le pouce comme une ampoule, il me faisait terriblement mal. "L'action se fera sur un mois, me dit-il, je ne sais pas si elle partira du premier coup, c'est assez aléatoire..." Je fis oui de la tête. J'espérais que la douleur partirait vite.
Mais voilà, mon pouce est rougi et l'anémone est toujours présente... Vivement qu'elle meurt ! Je ne veux pas retourner chez le sorcier...
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