vendredi 13 février 2009

Alyanie : Apogée-Club (suite)

Mon nom est Kjhthyjk, effectivement mon nom n'a jamais pu être transmit correctement, un problème de codage, c'est pourquoi les gens que j'héberge me nomment toujours "le patron". Depuis tout petit je voulais fonder un bar, pour que tous les voyageurs, tous les gens perdus, toutes les misères et les joies puissent se rejoindre près de moi. Seulement voilà, il était inimaginable que je le fonde n'importe où. Je voulais qu'il soit le plus haut, le plus important, le plus respecté de tous les bars jamais fondés. Je voulais qu'il représente l'Apogée pour tous. C'est alors que l'idée me vint de me mettre en orbite avec tout ce qui est nécessaire pour construire mon bar, d'en construire un énorme et puis tour de Terre après tour de Terre je l'ai construit exactement en ce point de l'orbite qui se trouve le plus éloigné de la Terre, à l'apogée. Mais dès les premiers clients, des choses étranges se produisirent...

La baraque n'est plus qu'un tout petit point posé avec insignifiance dans le vide. A vrai dire je ne vois plus que la lumière de l'enseigne violette. Bientôt la Terre passera devant et je ne la verrai plus du tout. Je suis repartie pour un tour d'orbite. Je n'ai aucune idée du temps que cela prendra, de refaire un tour.

Le temps passe avec une infinie lenteur. Je ne trouve pas qu'ils vont bien ensemble. L'infinie lenteur est bien trop longue, trop molle pour aller avec le temps. Je l'aurais sans aucun doute d'avantage vu avec Angelina Jolie. Je m'invente un nouveau jeu : devine quels sont les pays que tu survoles ! Etant donné que je suis très haute et que je vois ces pays à l'échelle continentale, les frontières sont assez peu visibles. Bon, pour l'Afrique il n'y a pas trop de problème : elles sont toutes droites et géométriques, comme les coutures d'un caleçon de colonisateur. Mais imaginez un peu celles de l'Europe ! Si nombreuses ! Elles s'empelottent si bien que certains pays disparaissent, si petits qu'ils sont, sous les tracés des frontières. Je vois les Etats Unis dans le coin, la France que je reconnais facilement, la Grèce en pointillisme, l'Afrique du Sud, la Belgique, la Pologne et puis Moscou maintenant que j'ai un peu tournée, la Roumanie, la Tchèque, la Bielorouokie, le Finlou, le Tanemarkus...

Après des semaines de vagabondage, je sens enfin l'accélération tant attendue ! Je pinaille sur place, plutôt sur ma trajectoire elliptique. Et pour ne décevoir personne j'ai décidé de ne pas changer de route. Ahah ! Que je me persuade bien de ma liberté !

L'Apogée-Club est en vue. Je vois l'enseigne qui clignote.

Aaah ! Merveilleux, ils ont lancé une bouée juste sur ma trajectoire !

Je l'attrape enfin, ça me tire dans les bras, je perds toute ma vitesse et je suis finalement attirée vers la terre. Des hommes sur le perron tire la corde vers le club...

J'y suis ! J'y suis enfin ! Tout le monde est super sympa ! Ils rient, ils philosophent, ils vagabondent, ils boivent, ils flirtent, certains chantent et jouent de la musique, d'autres crient des poèmes. Merveilleux ! On m'a présenté au patron, désolée je n'ai pu retenir son nom, il est mystérieux et a l'air de toujours porter sur lui un veston et un air grave. Il me demande si mon voyage s'est bien déroulé, un peu long je lui réponds, puis m'offre toutes mes consommations pour aujourd'hui. "Et la nuit dans mon auberge, deux étages au dessus." Je le remercie chaleureusement. Il doit sentir que je vais devenir une cliente fidèle, ou fait-il ça à tout le monde ?

Je suis attirée par un groupe d'observateurs. Je m'approche timidement, ils m'invitent à leur table. L'un s'appelle Jacquot, l'autre Marco et le dernier, qui s'est retrouvé à être une femme, Amalys. Ils se présentent comme étant les spectateurs de tout ce petit monde. Je ferai tout pour appartenir à leur groupe. Ils me montrent les meilleurs pièces du moment : lui là bas aux cheveux plats, c'est un scientifique. Il a passé toute sa vie a défendre une théorie sur l'envol des papillons. Selon lui les papillons ne s'envolent que lorsque les bourrasques de vent sentent la tulipe. Bien qu'il ait des arguments monstrueux, jamais sa thèse ne fut prise au sérieux. Il est donc tombé dans la déprime avant de s'envoyer sur la Lune. Pour le coup aussi ce fut un échec, il se croit prisonnier, comme si quelqu'un pouvait craindre qu'il aille se suicider sur la Lune ! Pourquoi voudrait-il se suicider, que je demande, voyant le scientifique relativement joyeux à coté de la dramatique histoire qu'on m'avait raconté. Pourquoi ? Amalys me répond avec emphase et questionnement : et bien pour de bien nombreuses raisons : déjà parce que sinon il n'aurait jamais eu aucune raison de chercher à s'enfuir de l'auberge ! Je ne comprends pas bien, mais je n'insiste pas.

[...]

Soudain Amalyse se mit à éternuer. Oh non pas toi ! Me dit-elle, je ne comprends pas et dois l'afficher sur mon visage car Jacquot tente de m'expliquer :
"Elle est allergique aux poils de chat.
"Mais je n'ai pas de chat chez moi, et je n'en ai pas touché depuis des semaines !
"Non, Alyanie, Tu Te Transforme en Chat."
Voilà, c'était dit, je subissais une TTTC. Ca arrive souvent il parrait. Il fallait que je vois le patron. Je me dirige alors vers lui.

Le Patron : on ne peut rien faire pour vous. Transformée en Chat ! Ce n'est pas si grave !
Moi : Il n'y a vraiment aucune solution ?
Le Patron : ...
Moi : Dites toujours.
Le Patron : A la place de Chat, il y a bien abeille mais... il y a des condittions.
Moi : Laquelle ?
Le Patron : Il faut avant tout que vous ayez fait le tour de votre vie d'humain avant de pouvoir devenir abeille sinon...
Moi (qui se met graduellement en colère) : Mais vous vous foutez de moi ! Cela fait des semaines, peut-être même des années que je tourne en rond ! Je n'ai pas fait seulement le tour de ma vie d'humain, c'est le tour de la Terre Entière que j'ai fait !! De l'humanité dans toute son intégrité ! Vous vous rendez compte ? Evidemment que je suis qualifiée pour devenir abeille !

Quelle erreur ce fut-ce ! Mais quelle erreur ! J'en ai eu des crampes d'estomac pendant longtemps. Je devenais folle, oubliais ce qu'on me disait, ce qu'on pensait de moi, ce que j'aimais, de quelle main je savais écrire... Et puis lentement la douleur est passée. Je pouvais enfin faire battre mes ailes d'abeille et repasser mes poils à pollen. Lentement j'ai repris de la bête et je suis devenue très puissante. "Tu as subis un sacré lavage de cerveau !" J'ai alors pu rentrer de l'Apogée-Club en laissant l'organisation sur place, pour leur laisser un souvenir.

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