samedi 7 novembre 2009

Alyanie ne se détache pas du sablier


J'ai rajouté du bruit sur une photo pour qu'elle soit plus jolie, j'écoute une musique volontairement vieillie, comme mon jeans à l'aspect délavé... Le vieux a comme quelques airs de noblesse. J'attends d'avoir les cheveux grisonnants, mes cheveux poussent exprès pour ce temps où je pourrais les tresser comme de la vieille laine. Je pationne le temps, je joue avec lui en l'attendant : je change la dates de mes anniversaires, j'homothétite le depuis quand on est ensemble, je souffle sur la poussière pour jeter mes vieilles affaires mais je note régulièrement les jours qui passent avec minutie.

On m'a offert un carnet de cuir de lama, j'ai une mine de plomb, je griffonnerai dedans. Quand l'inspiration me manquera je ferai juste un trait vertical comme les prisonniers dans leur cellule, il prendra toute la page ! Un jour il sera plein, je ne pourrais plus rien écrire, plus de place ! Ce jour là je le fermerai avec un grand sourire, je passerai rapidement les pages avec mon pouce et puis je lèverai les yeux et devant moi s'étendra tout le reste, tout ce que je n'aurai pas encore eu l'occasion de noter, et encore plus loin il y aura moi avec les yeux plissés, avec une vieille bouche, et les cheveux gris.

Cette après midi j'ai trouvé un sablier dans la cuisine. Un vrai : avec le sable rose dedans. Je l'ai renversé et le temps a filé dans l'entonnoir. C'était fabuleux comme il avançait vite ! Encore plus fort que dans les toilettes la petite aiguille de la montre avant que ma trotteuse saute. J'ai brisé le sablier et à l'aide d'un microscope j'ai tenté de voir le temps à l'intérieur des grains de sable. J'ai découvert beaucoup de chose, alors, et je trouve réducteur le coup de l'anglais qui veut que le sablier ne mesure que les oeufs.

J'ai appris que le présent existait, il était dans les grains quand ils ne résonnaient plus. Les veinards ! J'en ai ouvert un et avec une pince à épiler j'ai extrait le présent. Je l'ai étiré et je l'ai enroulé autour de mon doigt. C'était joli. Puis je l'ai mangé. C'était bon. Mais pas très copieux : le présent est tout petit.

Maintenant faut que j'aille à table. C'est de la raclette, je ne vais pas manquer ça ! Je cache les grains de sable qui restent, je me les réserve pour plus tard.

Quand j'aurai mangé tout le présent, il ne restera plus rien et enfin j'arriverai plus tard ! J'arriverai demain, j'arriverai dans bientôt ! J'espère y être bien accueillie.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire