dimanche 22 février 2009

Alyanie : à votre coq

le 24 juin 1951

Madame,

Vous possédez le plus beau jardin de la ville et votre vie, loin d'être la plus joyeuse, inspire a chacun de nous le respect.
Cependant du premier matin au soir on n'entend que votre coq, son chant énerve les enfants et irrite les femmes. Les poches que j'ai sous les yeux m'obligent à vous demander de le tuer et si vos sentiments vous en empêchaient je serais obligé de réclamer sa mort au maire.
Je devine aisément la fierté que vous devez avoir à le posséder et je suis persuadé qu'il s'agit d'un très beau coq. J'ai, quoique vous pouvez penser, de nombreux regrets, mais votre animal est beaucoup trop bruyant pour tout le voisinage.

Mes regrets,
B. Deliot.

3 juillet 1951
Monsieur,

Comme vous me l'avez demandé, j'ai tué mon coq. En deuil, le poulailler ne s'est pas levé des trois jours qui ont suivi sa mort et les trois œufs que j'ai récoltés ce matin sont les premiers depuis plus d'une semaine. Le coq était bien trop vieux pour que nous le mangions.
A ma lettre je joins trois de ses plumes, pour que vous puissiez imaginer son plumage noir aux reflets d'or cuivré que vos oreilles trop sensibles, trop citadines, n'ont pu supporté.

Au voisinage,
Cécile L.

vendredi 13 février 2009

Alyanie : Apogée-Club (suite)

Mon nom est Kjhthyjk, effectivement mon nom n'a jamais pu être transmit correctement, un problème de codage, c'est pourquoi les gens que j'héberge me nomment toujours "le patron". Depuis tout petit je voulais fonder un bar, pour que tous les voyageurs, tous les gens perdus, toutes les misères et les joies puissent se rejoindre près de moi. Seulement voilà, il était inimaginable que je le fonde n'importe où. Je voulais qu'il soit le plus haut, le plus important, le plus respecté de tous les bars jamais fondés. Je voulais qu'il représente l'Apogée pour tous. C'est alors que l'idée me vint de me mettre en orbite avec tout ce qui est nécessaire pour construire mon bar, d'en construire un énorme et puis tour de Terre après tour de Terre je l'ai construit exactement en ce point de l'orbite qui se trouve le plus éloigné de la Terre, à l'apogée. Mais dès les premiers clients, des choses étranges se produisirent...

La baraque n'est plus qu'un tout petit point posé avec insignifiance dans le vide. A vrai dire je ne vois plus que la lumière de l'enseigne violette. Bientôt la Terre passera devant et je ne la verrai plus du tout. Je suis repartie pour un tour d'orbite. Je n'ai aucune idée du temps que cela prendra, de refaire un tour.

Le temps passe avec une infinie lenteur. Je ne trouve pas qu'ils vont bien ensemble. L'infinie lenteur est bien trop longue, trop molle pour aller avec le temps. Je l'aurais sans aucun doute d'avantage vu avec Angelina Jolie. Je m'invente un nouveau jeu : devine quels sont les pays que tu survoles ! Etant donné que je suis très haute et que je vois ces pays à l'échelle continentale, les frontières sont assez peu visibles. Bon, pour l'Afrique il n'y a pas trop de problème : elles sont toutes droites et géométriques, comme les coutures d'un caleçon de colonisateur. Mais imaginez un peu celles de l'Europe ! Si nombreuses ! Elles s'empelottent si bien que certains pays disparaissent, si petits qu'ils sont, sous les tracés des frontières. Je vois les Etats Unis dans le coin, la France que je reconnais facilement, la Grèce en pointillisme, l'Afrique du Sud, la Belgique, la Pologne et puis Moscou maintenant que j'ai un peu tournée, la Roumanie, la Tchèque, la Bielorouokie, le Finlou, le Tanemarkus...

Après des semaines de vagabondage, je sens enfin l'accélération tant attendue ! Je pinaille sur place, plutôt sur ma trajectoire elliptique. Et pour ne décevoir personne j'ai décidé de ne pas changer de route. Ahah ! Que je me persuade bien de ma liberté !

L'Apogée-Club est en vue. Je vois l'enseigne qui clignote.

Aaah ! Merveilleux, ils ont lancé une bouée juste sur ma trajectoire !

Je l'attrape enfin, ça me tire dans les bras, je perds toute ma vitesse et je suis finalement attirée vers la terre. Des hommes sur le perron tire la corde vers le club...

J'y suis ! J'y suis enfin ! Tout le monde est super sympa ! Ils rient, ils philosophent, ils vagabondent, ils boivent, ils flirtent, certains chantent et jouent de la musique, d'autres crient des poèmes. Merveilleux ! On m'a présenté au patron, désolée je n'ai pu retenir son nom, il est mystérieux et a l'air de toujours porter sur lui un veston et un air grave. Il me demande si mon voyage s'est bien déroulé, un peu long je lui réponds, puis m'offre toutes mes consommations pour aujourd'hui. "Et la nuit dans mon auberge, deux étages au dessus." Je le remercie chaleureusement. Il doit sentir que je vais devenir une cliente fidèle, ou fait-il ça à tout le monde ?

Je suis attirée par un groupe d'observateurs. Je m'approche timidement, ils m'invitent à leur table. L'un s'appelle Jacquot, l'autre Marco et le dernier, qui s'est retrouvé à être une femme, Amalys. Ils se présentent comme étant les spectateurs de tout ce petit monde. Je ferai tout pour appartenir à leur groupe. Ils me montrent les meilleurs pièces du moment : lui là bas aux cheveux plats, c'est un scientifique. Il a passé toute sa vie a défendre une théorie sur l'envol des papillons. Selon lui les papillons ne s'envolent que lorsque les bourrasques de vent sentent la tulipe. Bien qu'il ait des arguments monstrueux, jamais sa thèse ne fut prise au sérieux. Il est donc tombé dans la déprime avant de s'envoyer sur la Lune. Pour le coup aussi ce fut un échec, il se croit prisonnier, comme si quelqu'un pouvait craindre qu'il aille se suicider sur la Lune ! Pourquoi voudrait-il se suicider, que je demande, voyant le scientifique relativement joyeux à coté de la dramatique histoire qu'on m'avait raconté. Pourquoi ? Amalys me répond avec emphase et questionnement : et bien pour de bien nombreuses raisons : déjà parce que sinon il n'aurait jamais eu aucune raison de chercher à s'enfuir de l'auberge ! Je ne comprends pas bien, mais je n'insiste pas.

[...]

Soudain Amalyse se mit à éternuer. Oh non pas toi ! Me dit-elle, je ne comprends pas et dois l'afficher sur mon visage car Jacquot tente de m'expliquer :
"Elle est allergique aux poils de chat.
"Mais je n'ai pas de chat chez moi, et je n'en ai pas touché depuis des semaines !
"Non, Alyanie, Tu Te Transforme en Chat."
Voilà, c'était dit, je subissais une TTTC. Ca arrive souvent il parrait. Il fallait que je vois le patron. Je me dirige alors vers lui.

Le Patron : on ne peut rien faire pour vous. Transformée en Chat ! Ce n'est pas si grave !
Moi : Il n'y a vraiment aucune solution ?
Le Patron : ...
Moi : Dites toujours.
Le Patron : A la place de Chat, il y a bien abeille mais... il y a des condittions.
Moi : Laquelle ?
Le Patron : Il faut avant tout que vous ayez fait le tour de votre vie d'humain avant de pouvoir devenir abeille sinon...
Moi (qui se met graduellement en colère) : Mais vous vous foutez de moi ! Cela fait des semaines, peut-être même des années que je tourne en rond ! Je n'ai pas fait seulement le tour de ma vie d'humain, c'est le tour de la Terre Entière que j'ai fait !! De l'humanité dans toute son intégrité ! Vous vous rendez compte ? Evidemment que je suis qualifiée pour devenir abeille !

Quelle erreur ce fut-ce ! Mais quelle erreur ! J'en ai eu des crampes d'estomac pendant longtemps. Je devenais folle, oubliais ce qu'on me disait, ce qu'on pensait de moi, ce que j'aimais, de quelle main je savais écrire... Et puis lentement la douleur est passée. Je pouvais enfin faire battre mes ailes d'abeille et repasser mes poils à pollen. Lentement j'ai repris de la bête et je suis devenue très puissante. "Tu as subis un sacré lavage de cerveau !" J'ai alors pu rentrer de l'Apogée-Club en laissant l'organisation sur place, pour leur laisser un souvenir.

mardi 3 février 2009

Alyanie : Apogée-club

Bon voilà, ok, j'avoue j'ai fait n'importe quoi. Maintenant je suis bien coincée, gravement embêtée. En gros, je me suis mise en orbite autour de la Terre et me voilà à décrire une jolie trajectoire elliptique. On ne peut pas me reprocher d'être trop curieuse, enfin ! Je voulais voir ce que ça faisait, d'être mise en orbite, d'atteindre la bonne vitesse pour ni s'écraser ni disparaitre, juste être là à tourner sans fin... Maintenant je sais. Et je veux redescendre !!!

C'est fou ce qu'est ennuyeux l'espace. C'est vide, ridiculement vide. Ya que du froid et du noir. Au loin, le soleil mais j'évite de jeter mes yeux dans la gueule de la fournaise. Devant, sous moi en permanence, la Terre. Surtout que j'ai été encore moins maligne que déjà pas maligne : je me suis géostationnée. Pire connerie n'existe pas ! Je ne fais que de voir le même bout d'océan en permanence. Mes cheveux volent mais rien à voir avec le vent, ils vont où ils veulent. Devant mes yeux, dans ma bouche, dans mon cou. Mes habits ne tiennent plus, je suis obligée de les tirer pour les remettre en place. Être en orbite n'est vraiment pas de tout repos.

Viouuumm ! Vioummm ! J'essaye de m'occuper, alors je mime quelques accélérations. Je tournicotte sur moi même car ce n'est pas interdit. Des saltauts, et hop ! me voilà à marcher dans le vide. Héhé ! Qui l'eut cru ? Je cours, je cours... Mais oui ! C'est bien un record mondial que nous fait là Céline !! Effectivement Julien, Céline est en train de ca-pi-to-ner le record mondial de longueur en orbite ! C'est incroyable !! J'applaudis ma performance. On n'entend strictement rien, je parle dans le vide oserais-je dire. Même si je cris on n'entend rien. Même si je pleure, si je crogne, si je hurle ou quoi. ON N'ENTEND STRICTEMENT RIEN ! Jamais personne ne pourra deviner que je suis coincée là, et jamais personne ne viendra jamais me chercher VU QUE PERSONNE NE PEUT M'ENTENDRE !!!!

au secours.... !

Tenez, tout d'un coup j'ai l'impression d'accélérer. Je dois m'éloigner de la terre. Mon orbite n'est pas centrée, fallait-s'y attendre. La terre ne tourne plus aussi vite que moi. C'est déjà ça : je ne suis pas vraiment géostationnée. Je commence à soupirer. Oui, voilà, vous commencez à comprendre, je suis dans une telle merdouille que le moindre changement ne peut être que bénéfique. Ah bah voilà, je n'ai plus peur de rien. De rien du tout. Mais je crois que le vide commence à m'atteindre. A force de ne plus rien entendre je crois que je n'arrive même plus à m'entendre penser...

Ouh la ! J'ai mal au coeur, ça accélère vraiment beaucoup. Je me demande ce qu'il se passe...

Ahh !! Je vois quelque chose approcher ! On dirait une grosse maison, avec un truc violet qui clignote sur le toit. Oui, le vide atteind vraiment ma caboche, c'est certain. Je ne cesse d'accélérer, j'en ai des douleurs dans tous mes membres. La maison à l'insigne violette elle ne cesse de se rapprocher. Je ne peux croire qu'elle est vraie : elle n'avance pas, elle est comme plantée dans le vide. Ah ! Je peux vous lire ce qu'il y a d'écrit sur le toit. Heureusement que la lumière se propage dans le vide, bienheureuse elle est ! Bon sur le toit il est écrit...

Apogée-Club ??!! Je réfléchis. Franchement, comment un cerveau aussi avidifié que le mien peut bien inventé ça, Apogée-Club ? J'ai maintenant bien peur de me ratatiner contre le mur de la baraque. Figurez-vous qu'elle est bien plus grande que je ne l'imaginais. Beaucoup beaucoup plus grande, et j'ai l'impression qu'il y a du monde sur le perron. Ah mince ! Mon orbite passe assez loin de la baraque. Peut-être que si je nageais... Je nage, je nage jusqu'au club. Si seulement je pouvais l'atteindre ! Ma vitesse continue d'augmenter, j'ai l'impression de nager à contre courant. C'est assez étrange de nager dans le vide. Mais surtout ça n'avance pas ! Ahhh ! Non ! Pour une fois qu'il a quelque chose de suffisamment intéressant dans l'espace, il faut qu'il soit loin de ma trajectoire !

Je dis ça, mais j'ai pas spécialement l'habitude de me promener dans l'espace.


J'arrive proche de l'Apogée-Club. Il y a bien des gens sur le perron. Moi qui pensais être pionnière dans le tourisme spacial. J'essaye d'attirer les gens du perron en faisant de grands signes. Et je cris aussi, enfin je crois, je cris beaucoup même si ça ne sert à rien. EH OH ! LA HAUT ! AIDEZ MOI ! Finalement l'un deux tourne la tête. Il donne un coup de coude aux autres. Et tous me regardent. Ils font de droles de gestes. Des petits coups de mains centripètes, je dirais. Comme s'ils me demandaient de m'éloigner. Pas aimables. Et puis l'écriteau du toit, en violet, change. Apogée-Club est remplacé par au prochain tour on te lance une corde. Cool ! Au prochain tour. Je dépasse rapidement la baraque, et puis ma vitesse ralentie.

Et là, vous savez ce que ça veut dire ? Ca signifie que vous entrerez avec moi dans Apogée-Club au prochain tour ^^